Marfouk Abdeslam, docteur en économie et chercheur à l’IWEPS a analysé ces statistiques et s’est rendu compte qu'il y avait un lien entre la perception des Wallons du nombre d’immigrés et de la perception de leur impact: "Plus ils pensent que les immigrés représentent une charge pour les finances publiques, plus ils pensent qu’ils prennent le travail des gens nés dans le pays, plus ils vont surestimer l’immigration. En général, quand on a des craintes par rapport à un groupe, une minorité, quelle que soit cette minorité, afro-américaine, maghrébine, juive, on va avoir tendance à surestimer son poids démographique".
41 % des Wallons pensent en effet que les immigrés prennent le travail des gens nés en Wallonie.
68 % des Wallons pensent que les immigrés sont une charge pour la sécurité sociale du pays.
Des études démentent ces idées reçues. En juin, une étude de l'OCDE pointait que l'immigration, loin d'être une charge pour les dépenses publiques, pouvaient au contraire représenter une opportunité budgétaire.
Cette étude s'ajoute à plusieurs autres, ces dernières années, évoquant un bilan de l'immigration plutôt positif pour la Belgique. "Ça veut dire qu’ils versent plus à l’état qu’ils ne reçoivent en terme de prestations. Une étude montre que 15 % des travailleurs immigrés sont indépendants et créent donc leur propre emploi, sans compter que les entrepreneurs immigrés créent 100 000 emplois en Belgique".
Karim El Otmani est Marocain, il est arrivé en Belgique à l’âge de 15 ans. Il est l’un de ces immigrés créateurs d’emplois. Il a créé son entreprise de construction en 2004. "C'est le challenge, j’aime bien la construction, j’aime bien ce que je fais. J’ai commencé seul il y a 9 ans mais maintenant il y a une dizaine d’ouvriers qui travaillent pour moi".
Karim forme même un apprenti sur ses chantiers. "Je ne prends le travail de personne. Déjà il y a une pénurie dans les métiers de la construction. C’était la galère pour trouver un maçon, un coffreur, ces métiers-là sont en pénurie".
Pour Karim, tout ceci n’est pas une question de nationalité. "On travaille, on paye des impôts, comme tout le monde".